Talatay Nder : une mémoire de résistance féminine

février 16, 2025
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En tant que femme sénégalaise, l'histoire de Talatay Nder n'est pas une simple anecdote historique pour moi. C'est un héritage, une source d'inspiration et une piqûre de rappel constante face à l'injustice.

Un mardi de feu et de sacrifice

Nous sommes en 1820, dans le royaume du Waalo. Ce jour-là, à Nder, la capitale, les femmes ont été confrontées à un choix terrible. Les Maures Trarza, menés par Amar Ould Mokhtar, avaient lancé un raid esclavagiste (Dramé, 2023). Capturer les habitants de Nder signifiait les réduire en esclavage, les séparer de leurs familles, les priver de leur dignité (RFI, 2024). Face à cette perspective insupportable, les femmes de Nder, guidées par la Linguère Fatim Yamar Khouraye Mbodj, ont pris une décision radicale. Elles ont préféré la mort à la servitude (Au Sénégal, s.d.). Elles se sont immolées par le feu, dans un acte de résistance collective qui a marqué à jamais l’histoire du Sénégal. « Préférez la mort au déshonneur », auraient été les mots de la Linguère Fatim Yamar Khouraye Mbodj, qui a pris soin d’évacuer ses deux filles, Ndjeumbeut et Ndaté Yalla, avant de périr dans les flammes avec ses compagnes (Vanity Fair, s.d.). Talaatay Nder est ainsi devenu un symbole de courage, de dignité et de résistance féminine. Un symbole qui transcende le temps et qui continue de résonner dans le cœur des Sénégalais.

Le nom de mon blog

Pourtant, comme le souligne un article de Nene Jupiter Ndiaye publié en 2024, de nombreuses femmes victimes de violences au Sénégal n’osent pas porter plainte (Ndiaye, 2024). La peur, la honte, la pression sociale, le manque de confiance dans la justice, tout concourt à maintenir ces femmes dans le silence. Elles sont nombreuses, ces « femmes sous silence au Sénégal », comme le décrit un article de Presse Gauche publié en 2018 (Presse Gauche, 2018).

C’est ce silence que je veux briser avec « Mémoire de Nder ». En racontant les histoires de ces femmes, en dénonçant les injustices, en mettant en lumière les initiatives qui existent pour les soutenir, je veux leur donner une voix. Si j’ai choisi de nommer mon blog « Mémoire de Nder », c’est en hommage à ces femmes qui ont préféré s’embraser plutôt que de plier.

Un combat qui continue

Aujourd’hui, d’autres formes de violences menacent les femmes. Ce ne sont plus des razzias, mais des féminicides, des violences conjugales, des injustices systémiques. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de vous donner une vision d’ensemble sur les violences faites aux femmes au Sénégal. Mon prochain article dressera un état des lieux de cette réalité : chiffres, statistiques et témoignages viendront illustrer l’ampleur du problème et la nécessité d’un engagement collectif.

Sources :
Leurs histoires